Pr. Gerald Hüther

« Entre vingt et cinquante fois par jour, le petit enfant vit un état de grand enthousiasme. A chacun de ces moments, les centres neuro-émotionnels s'activent. Les cellules nerveuses qui y sont logées possèdent de longs appendices s’étirant à travers toutes les zones du cerveau. Aux extrémités finales de ces appendices se déverse alors un cocktail de neurotransmetteurs. Ces composés chimiques conduisent les cellules nerveuses nouvellement connectées à produire certaines protéines. Ces protéines, bien déterminées, permettent la croissance de nouveaux appendices, la création de nouveaux contacts neuronaux ainsi que l'établissement et le renfort des connexions fraîchement activées au moment où nous résolvons un problème particulier ou relevons un nouveau défi.

Chaque petite tempête d'enthousiasme met en œuvre une sorte d’autodoping cérébral. Ainsi sont produites les substances nécessaires à tous les processus de croissance et de réaménagement des réseaux neuronaux. C’est ce qui explique pourquoi nous progressons si rapidement dans ce que nous faisons avec enthousiasme. Car c’est aussi simple que cela : le cerveau se développe précisément là où il est utilisé avec enthousiasme. »

Professeur Gerald Hüther, Göttigen, Allemagne

 

Neurobiologiste allemand de premier plan, le Pr. Gerald Hüther dirige le département de recherche fondamentale de neurobiologie du Centre Hospitalier Universitaire psychiatrique de l’université de Göttingen et le centre de recherche préventive de neurobiologie de l’université de Göttingen et Mannheim/Heidelberg. Il est l’auteur de plusieurs livres sur le sujet.

 

Voir également la section Repères scientifiques.


Neurobiologie et éducation

Conférence du neurobiologiste Prof. Dr. Gerald Hüther
dans le cadre de la zweite Konferenz des Denkwerks Zukunft
Berlin, 15 janvier 2011.

Extrait :

« Les mêmes circuits neuronaux s'activent quand on nous inflige des souffrances corporelles. Autrement dit, notre cerveau réagit de la même manière lorsque nous sommes exclus d'une communauté que lorsqu'il repère un dérangement dans notre relation avec notre corps. Quand ça ne va pas dans le corps, ça fait mal. Quand ça ne va pas dans notre relation avec l'autre, ça fait mal aussi. Le même système, et dans les deux cas, ça fait mal, et il nous faut une solution, et voilà nos tout-petits déjà contraints de trouver une solution bizarre, et si les adultes ne leur montrent pas à quoi pourraient ressembler ces solutions - nous pourrons discuter un peu plus tard de ce à quoi elles pourraient ressembler - si nous ne leur montrons pas, probablement parce que nous l'ignorons nous-mêmes, à quoi pourrait ressembler une solution pour être à la fois lié et libre, et bien, alors, ils souffrent...

Et comme il est insoutenable de souffrir tout le temps, nous avons besoin dès notre plus jeune âge - et plus tard en tant qu'adulte, à chaque fois que nous ne pouvons pas recevoir ce dont nous avons besoin, de trouver quelque chose qui nous permette de le supporter. Quand on ne reçoit pas ce dont on a besoin, on prend ce qu'on arrive à prendre. Et à chaque fois qu'on y arrive, on est un peu contenté.

Et cela active dans le cerveau ce que les neuroscientifiques appellent le centre de gratification. À chaque fois qu'on s'enthousiasme pour quelque chose, et ce sur quoi on s'enthousiasme importe peu au cerveau, il y a ce qu'on appelle des transmetteurs neuroplastiques qui se déversent, et ces transmetteurs neuroplastiques sont comme de l'engrais pour le cerveau, mais ces neurotransmetteurs, lorsqu'on nous fait apprendre l'annuaire par cœur ou bien ... lorsqu'on reçoit les conseils de gens avisés ... ils ne sont pas déversés. Ces transmetteurs neuroplastiques ne se déversent que lorsque les centres émotionnels sont activés dans le cerveau et pour qu'ils soient activés, il faut que quelque chose vous prenne aux tripes, il faut que quelque chose vous soit particulièrement important » ~Prof. Dr. Gerald Hüther