« Aujourd'hui, pour ceux qui s'intéressent à l'avenir d'homo sapiens, à l'avenir des gens de notre espèce, je ne vois pas de sujet plus important que cette dégradation possible - pour l'instant il s'agit de quelque chose qu'on soupçonne - des systèmes physiologiques essentiels, comme le système de l'ocytocine, essentiel dans la socialisation, essentiel dans toutes les facettes de la capacité d'aimer. » ~ Michel Odent
« Je serais tenté de dire que ce qui caractérise l'histoire de l'accouchement dans la deuxième moitié du vingtième siècle, c'est la masculinisation de l'environnement. [...] Sans parler de conséquences, on peut dire que ce qui est associé à ce phénomène, ce sont des accouchements de plus en plus difficiles. [...] Dans une période si courte, les femmes ont déjà perdu dans une certaine mesure leur capacité d'accoucher, de même qu'elles ont perdu leur capacité à allaiter.
Quand on se sert de moins en moins d'un système physiologique, il s'affaiblit de génération en génération. C'est le cas du système de l'ocytocine. Aujourd'hui pour mettre au monde un bébé, les femmes n'ont plus besoin de secréter leur ocytocine, elles ont une perfusion qui remplace ou elles ont une césarienne.
Aujourd'hui, pour ceux qui s'intéressent à l'avenir d'homo sapiens, à l'avenir des gens de notre espèce, je ne vois pas de sujet plus important que cette dégradation possible - pour l'instant il s'agit de quelque chose qu'on soupçonne - des systèmes physiologiques essentiels, comme le système de l'ocytocine, essentiel dans la socialisation, essentiel dans toutes les facettes de la capacité d'aimer.
Ce que nous explique la physiologie moderne, c'est que l'accouchement est un processus involontaire, sous la dépendance de structures cérébrales archaïques qu'on partage avec tous les autres mammifères. La physiologie nous aide à comprendre qu'on ne peut pas aider un processus involontaire, mais on peut le gêner on peut l'inhiber ; et ce qui inhibe le plus l'accouchement dans l'espèce humaine, ce qui fait le handicap des êtres humaines dans le processus involontaire qu'est l'accouchement, c'est l'activité de ce cerveau qui pense, de l'intellect. Ce n'est pas son boulot d'accoucher ! Cela nous permet de comprendre que le mot-clé quand on parle de l'accouchement, c'est le mot protection. Il faut protéger la femme qui accouche contre tout ce qui pourrait stimuler son cerveau intellect.
Aujourd'hui on est dans une situation absolument nouvelle : la physiologie moderne nous offre une compréhension de l'accouchement qui est radicalement différente de notre conditionnement culturel.
C'est ça qui rend possible et facile l'accouchement dans l'espèce humaine : quand on met au repos le néocortex, on a beaucoup plus de similarités avec les autres mammifères qui, eux, accouchent plus facilement que les êtres humains.
Il est certain que la façon de naître a des conséquences à long terme même sans doute transgénérationnelles. » ~ Michel Odent
Extraits de l'interview présentée par Béatrice Soltner sur RCF Radio, le 29 février 2016
Lien vers l'émission sur RCF : https://rcf.fr/vie-quotidienne/vie-pratique/laccouchement-nest-pas-une-maladie